Influence de la conscience de soi sur le bien-être et le savoir-être

Suite au succès de l’article récent présentant notre collection d’images destinées à favoriser le bien-être en établissement de Santé, je vous présente ici la démarche qui nous a emmené à mettre en place ce projet. Notre réflexion est basée sur trois grands niveaux de la conscience de soi, le Rôle, la Personne et l’Être, qui impactent directement notre santé globale et la qualité de notre savoir-être.

Un article élaboré dernièrement par Bruno Benque dans ces colonnes présentait la collection d’images que nous mettons à la disposition des établissements de Santé pour améliorer l’environnement des patients et des professionnels soignants.

.

Une collection issue d’une longue réflexion et d’apports socio-philosophiques

Il me semblait opportun d’approfondir ici les idées essentielles qui sous-tendent notre démarche dans l’accompagnement humain, ma partenaire et moi-même, qui sont les moteurs psychologiques sous-jacents de cette collection d’images inspirationnelles. Ces dernières sont, comme vous le savez, dédiées particulièrement à l’humanisation des organisations et à la qualité de vie au travail, chacune axée sur un verbe à l’infinitif couplé à un message philosophique d’intériorisation – le plus souvent de notre crû -.

Le monde de la santé est sans aucun doute le domaine le plus naturellement adapté à l’utilisation de ces images, sachant qu’elles visent véritablement à provoquer, rétablir et cultiver un équilibre corps-esprit et donc à favoriser le bien-être et le retour à la santé globale, indépendamment du rôle sociétal de soignant ou de patient. Les idées développées humblement ici sont le résultat de mes expériences en accompagnement depuis plus de 20 ans, nourries par notre passion pour l’être humain, de nos recherches socio-philosophiques et d’une intégration personnelle de différents courants de pensée séculaires d’Orient et d’Occident.

Être, personne, rôle et conscience de soi

En fonction de notre état physique et émotionnel du moment et de nos intentions dans la vie nous pouvons exprimer un degré plus ou moins inclusif de « conscience de soi ». Plus nous sommes en possession de nos moyens physiologiques et psychologiques, plus il est possible de s’affranchir de la loi d’action/réaction et des conditionnements sociétaux de toutes sortes pour s’approcher d’un niveau de conscience et de « présence » à soi-même intégral, que l’on peut apparenter à la Pleine Conscience où le savoir être exprimé et le degré de bien-être sont maximaux.

Il existe trois grands niveaux de conscience de soi du plus faible au plus élevé, que je dénomme ici : Rôle, Personne et être.


Le rôle

En société, en tant qu’être humain, de notre plus tendre enfance jusqu’à notre mort, tel un acteur sur une scène de théâtre, nous sommes soumis peu à peu à une multitude de « rôles » à tenir, qui sont autant de programmes formatés, par la culture, l’économie, la science, la technologie, la religion, la politique, la moralité, etc…Dans le domaine personnel par exemple, nous sommes amenés à « jouer », le cas échéant, des rôles identifiés de : fils/fille, frère/sœur, père/mère, cousin/cousine, grand-père/grand-mère, etc…, ou à porter des étiquettes de patient, sportif, intello, etc.

Dans le domaine professionnel par exemple, nous pouvons jouer tour à tour les rôles de salarié, collaborateur, manager, collègue, fournisseur, client, syndicaliste, commercial, administratif, artisan, salarié, etc…Dans le domaine socio-administratif, nous assumons des rôles d’ami(e), bénévole, contribuable, contrevenant, électeur, etc… Bref, un rôle est formaté comme un programme informatique avec des données en entrée répertoriées – situations – et des données – attitudes/résultats – « normalement » attendues en sortie. Un rôle est fondé sur des règles, il occupe le temps, son moteur est le verbe faire, son filtre est l’objectivité, il est tourné vers le futur et axé sur le résultat.

A un instant t, lorsque notre centre de gravité psychique intérieur est dans le rôle, lorsque notre seule identification de conscience est le rôle, alors nous sommes prévisibles, contrôlables, peu créatifs et peu adaptables, « faiblement humains ».

La personne

La notion de personne, dans le cadre de ces explications, est notre identité sociétale unique, définie par tout ce qui nous conditionne personnellement : notre physique, nos émotions, notre passé, notre histoire, nos expériences, nos objectifs, etc… L’éducation, nos parents ou la société nous inculquent dès notre plus jeune âge que nous devons devenir « quelqu’un », cette personne qui devra occuper le plus d’espace possible dans ce monde, socialement, financièrement, familialement, etc… On peut donc assimiler le terme de personne au terme égo communément employé. Le verbe moteur de la personne en nous, est le verbe avoir. Avoir du temps, de l’argent, du pouvoir, des responsabilités, des expériences, une maison, des enfants, une voiture, etc…

La personne en nous est fondée sur des croyances, qui la définissent à l’instant t. Elle tend à occuper de l’espace en ce monde. Son filtre est le désir subjectif d’exister. Elle se tourne vers le passé pour avancer, car elle filtre/compare toute situation à l’aune de ses croyances arbitraires limitées, elles-mêmes tirées de ses expériences passées. Elle est axée sur son intérêt personnel et recherche à chaque instant à assouvir ses désirs et ressentir du plaisir. Elle est dichotomique : à un instant t, soit le vécu est agréable, soit il est désagréable – symbolisé dans les schémas par un smiley différent -. Si la personne en nous ne comble pas ces attentes, elle est déçue et se sent frustrée et peut facilement se sentir coupable de ne pas y arriver. Les humeurs de la personne influent très directement sur le niveau physiologique et la santé physique de l’être humain.

Son influence sur le type de manager que nous sommes

A un instant t, lorsque notre centre de gravité psychique intérieur est dans la personne, même si nous occupons un rôle, manager par exemple, nos attitudes, nos comportements, nos décisions seront imprégnés de subjectivité. Un tel manager, arbitraire, sera vu comme clientéliste occupant son rôle au gré de ses humeurs, à la différence d’un manger uniquement formaté dans son rôle qui agira à chaque fois de manière prévisible en fonction du diktat des règles associées à son rôle. La société – de consommation – se satisfait tout à fait de ces deux niveaux de conscience, nous suggérant d’occuper des rôles du lundi au vendredi et de décompresser le weekend, en laissant aller la pression du contrôle des rôles, en assouvissant nos désirs débridés de personnes.


Ces deux niveaux à eux seuls manquent de cohérence et d’intégration, car ils nous amputent de la partie la plus humaine et porteuse de sens de nous-mêmes, l’être. Ceci explique grandement le malaise actuel dans le domaine professionnel avec tous ces burn-out et pire encore. Nous étudierons, dans un prochain article, ce niveau le plus inclusif de la conscience de soi, l’Être, et comment vivre en pleine conscience à ce niveau dans un établissement de Santé, afin d’y expérimenter bien-être et santé globale et d’y exprimer un véritable « savoir-être », naturellement efficient et humain.

Laurent Bouffiès
Sociologue, coach professionnel
laurent@okposters.fr

Publié dans www.cadredesante.com

Partager cet article

 

Étiquetté , , , , ,